Citations du documentaire d'Absol sur l'effondrement partie 2
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Les citations sont une transcription des citations du deuxiĂšme documentaire dâAbsol sur lâeffondrement : 22 contre-arguments Ă la collapsologie.
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Les citations
« Les collapsologues ne seraient-ils quâune secte millĂ©nariste comme les autres ? Le tĂ©moin Pascal Brucknet nâest pas loin de le penser, dĂ©veloppant lâidĂ©e que nous avons Ă©chappĂ© depuis Nostradamaus Ă 183 find du monde annoncĂ©es et que les collapsologues sont, Ă leur maniĂšre, fascinĂ©es par lâidĂ©e que lâhomme expie ses fautes dans un grand bĂ»cher apocalyptique final. »
« NâĂ©tant pas adepte du calendrier maya et ne prenant pas au sĂ©rieux lâapocalypse de Jean, les prophĂ©ties de saint Malachie et les rĂ©vĂ©lations de Fatima, je ne joue pas Ă me faire peur. Si vous voulez vous faire peur, allez voir un bon film-catastrophes. Je ne pense pas que la fin du monde arrive. Je pense que ce sera tout au plus la fin dâun monde, la fin de notre monde. [âŠ] Depuis la fin des annĂ©es 1960, il y a eu tellement de Cassandre criant au loup (sans quâaucun loup nâait montrĂ© le bout de sa truffe) que le public a cessĂ© de sâalarmer. »
« Dans lâespace mĂ©diatique et intellectuel, la question de lâeffondrement nâest pas abordĂ©e sĂ©rieusement. Le fameux bug de lâan 2000, puis lââĂ©vĂšnement mayaâ du 21 dĂ©cembre 2012 ont Ă©vincĂ© la possibilitĂ© de toute argumentation sĂ©rieuse et factuelle. Ăvoquer un effondrement en public Ă©quivaut Ă annoncer lâapocalypse, donc Ă se voir renvoyer Ă la case bien dĂ©limitĂ©e des âcroyantsâ et des âirrationnelsâ qui ont âexistĂ© de tout tempsâ. »
« La question nâest pas si, mais quand : quand la catastrophe climatique atteindra-t-elle son point de bascule ? Quand le mouvement sera-t-il irrĂ©versible ? Et en attendant, les Cassandre prophĂ©tisent, câest leur fonction, et personne ne les Ă©coute, câest leur malĂ©diction. »
« La collosale expansion matĂ©rielle de ces derniĂšres annĂ©es a pour destin, selon toute probabilitĂ©, dâĂȘtre un phĂ©nomĂšne temporaire et transitoire. Nous sommes riches parce que nous vivons sur notre capital. Le charbon, le pĂ©trole, les phosphates que nous utilisons de façon si intensive ne seront jamais remplacĂ©s. Lorsque les rĂ©serves seront Ă©puisĂ©es, les hommes devront faire sans⊠Cela sera ressenti comme une catastrophe sans pareille. »
« De quelque maniĂšre que lâon interprĂšte le phĂ©nomĂšne de lâaccumulation, il est claire que le capitalisme signifie essentiellement expansion Ă©conomique et que lâexpansion capitaliste nâest plus loin du moment oĂč elle se heurtera aux limites mĂȘme de la surface terrestre. »
« Il y avait une prise de conscience mondiale Ă partir de 1972 du fait que non seulement la croissance ne pouvait pas continuer indĂ©finiment mais quâon ne pouvait pas continuer Ă exploiter au mĂȘme rythme, mĂȘme Ă croissance zĂ©ro, des ressources qui sont limitĂ©es, sans arriver Ă lâeffondrement. »
« Un effondrement de civilisation nâest pas un Ă©vĂšnement (câest-Ă -dire une catastrophe), mais un enchaĂźnement dâĂ©vĂšnements catastrophiques ponctuels (ouragans, accidents industriels, attentats, pandĂ©mies, sĂ©cherersses, etc.) sur fond de changements progressifs non moins dĂ©stabilisants (dĂ©sertification, dĂ©rĂšglements des saison, pollutions rĂ©manentes, extinctions dâespĂšces et de populations animales, etc.).»
« On a malheureusement tendance Ă percevoir lâeffondrement comme un seul Ă©vĂšnement, en faire une singularitĂ© dans le temps, ce qui biaise lâanalyse et empĂȘche dây rĂ©pondre correctement au niveau imaginaire, Ă©motionnel, politique. »
« Un basculement Ă©cologique est donc en cours et il est irrĂ©versible dans plusieurs de ses aspects. Il ne sâagit pas dâune âcriseâ qui pourrait ĂȘtre suivie dâun retour Ă la situation antĂ©rieure. Il ne sâagit pas dâun Ă©vĂšnement instatanĂ©, ni homogĂšne dans lâespace, ni linĂ©aire dans son intensitĂ©. [âŠ] Un autre exemple de ce rĂ©cit de rupture est lâimage de magasins vides en trois jours, puisque le pĂ©trole âcâest bientĂŽt finiâ et que nos villes nâont presque aucune autonomie alimentaire. Cette image est trĂšs efficace pour faire comprendre ce manque dâautonomie, mais elle devrait ĂȘtre prĂ©sentĂ©e comme une illustration thĂ©orique utilisĂ©e en ce sens, pas comme une rĂ©alitĂ©. Les magasins ne seront pas vides en trois jours Ă cause dâun manque Ă©nergĂ©tique (ils le sont par contre lors de mesures restrictives volontaires), certiains de leurs rayons seront de moins en moins approvisionnĂ©s. LâĂ©lectricitĂ© ne va pas disparaĂźtre, les coupures se feront sporadiquement. Internet ne sâeffondrera pas du jour au lendemain, une partie de la ppulation sâen verra dĂ©connectĂ©e avec des accĂšs de plus en plus impayables. Les voitures ne vont pas sâenvoler dâun coup, ceux qui pourront se permettre de payer du quatre euros le litre continueront de rendre nos villes invivables avec ces vĂ©hicules. »
« Les prĂ©visions sont difficiles, surtout lorsquâelles concernent lâavenir »
« La difficultĂ© est Ă©videmment de savoir ce que lâon veut prĂ©cisĂ©ment dater. âLâĂ©vĂšnement effondrementâ implique diffĂ©rents horizons temporels. Le rythme de la finance nâest pas le mĂȘme que celui de lâĂ©lĂ©vation du niveau des mers. Les financiers parlent dâune crise iminente, car aucune leçon nâa Ă©tĂ© tirĂ©e de la crise de 2008. [âŠ] Pour tenter de savoir ce que lâavenir nous rĂ©serve, il faut partir des certitudes. Nous avons vu que les catastrophes climatiques sont dĂ©jĂ lĂ et iront en sâintensifiant. Il en va de mĂȘme pour lâĂ©rosoin de la biodiversitĂ©, les pollutions chimiques, les guerres pour lâeau et les ressources, les grandes sĂ©cheresses, les migrations massives, les attentats terroristes, les Ă©pidĂ©mies, les crises financiĂšres, les tensions sociales dues aux inĂ©galitĂ©s, etc. »
« 37% des Américains croient, comme Donald Trump, que le réchauffement climatique est une manoeuvre chinoise pour diminuer la compétitivité américaine. »
« Les humains, comme les autres animaux, vont dâaboird aux ressources les plus faciles et les moins coĂ»teuses Ă obtenir : celles proches de la surface, proches des marchĂ©s. On travaille dâabord les meilleures terres, on coupe dâabord les plus grands arbres, on commence par les mines ayant le plus haut rendement. Avec le temps, et la raretĂ© aidant, on sâattaque aux matiĂšres plus difficiles Ă atteindre, moins pures, plus coĂ»teuses, plus diluĂ©es. Tout cela est moins rentable. LâĂ©nergie nĂ©cessaire pour les mĂȘmes resultats devient donc de plus en plus grande. [âŠ] Au dĂ©but de la production, le pĂ©trole jaillit spontanĂ©ment du puits par la pression naturelle. Dans une deuxiĂšme phase, il faut forcer le pĂ©trole Ă sortir en introduisant de lâeau ou du gaz, ce qui nĂ©cessite une dĂ©pense en Ă©nergie croissante. En dernier ressort, des techniques encore plus coĂ»teuses, comme lâinjection de vapeur pour augmenter la fluiditĂ© du pĂ©trole, peuvent ĂȘtre utilisĂ©es. La production est arrĂȘtĂ©e lorsque lâĂ©nergie nĂ©cessaire pour extraire un litre de pĂ©trole dĂ©passe celle contenue dans ce mĂȘme litre en tenant compte des autres coĂ»ts dâexploitation (maintenance, coĂ»ts humains, transport). [âŠ] Afin dâextraire du pĂ©trole, du charbon ou des sables bitumineux, on a besoin dâĂ©nergie pour faire rouler les camions, fonctionner les foreuses, pour poser les pipe-lines, etc. Tout cela nĂ©cessite encore du pĂ©tole. En dâautres termes, il peut arriver un moment oĂč lâextraction elle-mĂȘme ne sera plus rnetable et ce, quel que soit le prix du marchĂ©. Sâil faut brĂ»ler un baril de pĂ©trole pour en extraire un, on ne le fera pas, mĂȘme si le prix du baril est Ă 1 million de dollars ! »
« Normalement, aprĂšs avoir grimpĂ© la courbe en cloche dâun cĂŽtĂ©, il reste lâautre cĂŽtĂ© pour redescendre. En toute logique, il reste donc dans les sous sols de la Terre encore la moitiĂ© du pĂ©trole que nous avons dĂ©couvert. Or, le bon sens veut que, dans une entreprise dâextraction, la quantitĂ© dâĂ©nergie que lâon rĂ©colte soit supĂ©rieure Ă lâĂ©nergie investie. Logique. Si on rĂ©colte moins que ce quâon investit, cela ne vaut as la peine de creuser. Ce rapport entre lâĂ©nergie produite et lâĂ©nergie investie sâappelle le taux de retour Ă©nergĂ©tique (TRE ou ERoEI en anglais pour Energy Return on Energy Invested). »
« Beaucoup se plaignent que les rapports du GIEC sont trop alarmistes, et que les mĂ©dias tombent facilement dans ce travers. Mais le GIEC reprĂ©sente, rappelons-le, un consensus ! Il gĂ©nĂšre donc par dĂ©finition un discours consensuel, neutre et lisse qui contraste avec bien des publications scientifiques, et ne prend pas en compte par ailleurs les Ă©tudes les plus rĂ©centes (et donc souvent plus catastrophistes). Si lâon en croit les fait, le GIEC est donc tout sauf pessimiste. »
« Ils nâont pas pris en compte lâĂ©tude publiĂ©e dans la rue PNAS cet Ă©tĂ© sur la planĂšte âĂ©tuveâ, qui ne parle aps de 2 °C mais de 7 ou plus. Les boucles de rĂ©troaction me semblent peu dĂ©veloppĂ©es dans le rĂ©sumĂ© du GIEC, alors que des emballements peuvent survenir trĂšs facilement entre + 1 et + 3 °C. MĂȘme si on arrive Ă âseulementâ + 2°C, ce pourrait ĂȘtre dramatique. »
« On a vu, aux Ătats-Unis, le gouvernement de George W. Bush exiger que la publication de rĂ©sultats obtenus sur des sujets touchant lâenvironnement soit contrĂŽlĂ©e et approuvĂ©e par des instances gouvernementales. [âŠ] Lâavenir de lâhumanitĂ© requiert des rĂ©sutlats scientifiques de la meilleure qualitĂ©, obtenus dans les meilleurs conditions possibles, sans aucune influence extĂ©rieure. Pour cela, les chercheures doivent avoir la plus grande libertĂ© pour publier leurs recherches et nâĂȘtre lâobjet dâaucune pression politique, idĂ©ologique, Ă©conomique ou financiĂšre. [âŠ] Des scientifiques, quelquefois de renom, acceptent, moyennant finances, de fournir des resultats dâanalyse de laboratoire forgĂ©s de toutes piĂšces, dans le but de minimiser aux yeux des populations les dangers sur la santĂ© de ces substances. Ces documents frauduleux sont ensuite utilisĂ©s auprĂšs des responsables politiques par des lobbyistes pour sâopposer au projets de loi de protection de la nature prĂ©sentĂ©s par diverses associations humanitaires. »
« La âcollapsologieâ nâest pas une nouvelle science, câest un discours qui utilise des sciences existantes. »
« La collapsologie ne produira pas de connaissance nouvelles (ce sont les sciences dont elle dĂ©pend qui le feront), mais elle produira une narration nouvelle de notre vie en commmun, et câest certiainement aussi utile. »
« La démarche est honorable, associer différentes disciplines pour tenter de prendre du recul et combler la relative segmentation de la recherche scientifique est intéressant, mais cela ne fait pas de la collapsologie une discipline scientifique pour autant. En effet, excepté cette mise en réseau, la collapsologie ne produit pas de travaux qui lui sont propres. »
« Or pour Jacques Bouveresse, rien nâest moins sĂ»r que la dimensions scientifique de la chose : âQuant Ă la collapsologie, câest un terme qui mâexaspĂšre. Quand vous forgez un mot avec la terminaison en -logie vous voulez donner lâimpression quâil sâagit de quelque chose de plus ou moins scientifique ; et, si jâai bien compris, il y a des gens qui prĂ©tendent pratiquer ce genre de choses de façon scientifique. Je suis sceptique : bien quâils puissent sâappuyer au dĂ©part sur les donnĂ©es receuillies sĂ©rieusement, ces discours me paraissent davantage relever du prophĂ©tisme que de la science. Dâune façon gĂ©nĂ©rale, le catastrophisme est un mode de pensĂ©e qui mâest complĂštement Ă©trager. La seule chose qui compte pour moi, encore une fois, câest dâessayer de faire ce qui dĂ©pende de nous pour que le pire nâarrive pas.â »
« La collapsologie, qui se veut Ă©tude transdisciplinaire, prĂ©tendnat relier dĂ©mographie, biologie, climatologie, Ă©conomie, sciences morales et politiques, est niĂ©e. Le concept devient vite populaire. âQuand on a inventĂ© le mot, câĂ©tait pour rire, se souvient Pablo Servigne en souriant. il a Ă©tĂ© pris au sĂ©rieux par les chercheurs et les journalistes.â »
« Si depuis le dĂ©but de lâarticle, ceux-ci sont dĂ©signĂ©s comme des collapsologistes, eux se proclament plutĂŽt collaspologues. En extrapolant un petit peu par analagie avec une autre discipline, lâĂ©coloie, on voit clairement la symbolique associĂ©e Ă ce nom. Les Ă©cologues sont des scientifiques qui font de lâĂ©cologie scientifique et Ă©tudient les interrelations entre les espĂšces vivantes et leur environnement, tandis que les Ă©cologistes sont des militant-es de lâĂ©cologie politique (au sens large du terme et non au sens du courant du mĂȘme nom). PrĂ©fĂ©rer âcollapsologueâ Ă âcollapsologisteâ renforce cette image scientifique dont cherche Ă se parer la collaspologie. »
« En ce sens, elle est un courant politique (ou plutĂŽt un ensemble de courants politiques divers vu la pluralitĂ© dâopinion en son sein) comme un autre : elle analyse de façon globale et sur plusieurs plans lâĂ©tat du monde et propose diverses solutions. Cette confusion entre science et politique semble traverser la collapsologue de toutes parts, quels que soient les courants de cette nouvelle mouvance politique. »
« Ce sera tout lâobjet de la collapsologie, que nous dĂ©finissons donc comme lâexercice transdisciplinaire dâĂ©tude de lâeffondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait lui succĂ©der, en sâappuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et lâintuition, et sur des travaux scientifiques reconnus. »
« Le concept dâheuresthĂ©sie, issu de ces rĂ©flexions, a fait lâobjet dâune publication en 2016 dans un ouvrage collectif coordonnĂ©e par une Ă©quipe de chercheurs du CNRS. Cette publication rapelle notamment que toutes les intuitions ne mĂšnent pas Ă des dĂ©veloppments philosophiques pertinents, ni Ă de rĂ©elles dĂ©couvertes scientifiques. Tenter de comprendre le rĂŽle de lâintuition dans a dĂ©couverte paraĂźt primordiale. Mon intuition, comme toute intuition nâap as de valeur si lorquâon vĂ©rifie les hypothĂšses quâelle propose, celles-ci sont fausses, Ă©videmment encore moins si ces hypothĂšses ne peuvent pas ĂȘtre vĂ©rifiĂ©es dans le cadre de lâexpĂ©rimentation et de sa reproductibilitĂ©. Lâintuition dans la dĂ©couverte doit rester soumise Ă lâobjectivabilitĂ©, et dans ce cadre lâheuresthĂ©sie pourra elle-mĂȘme ĂȘtre disqualifiĂ©e. La collapsologie appelle Ă sâinspirer de ses pressentiments pou envisager lâavenir, câest-Ă -dire moins prĂ©dicitible. Dans un contexte de difficultĂ©s Ă nous projeter dans le temps il semble ĂȘtre extrĂȘmement imprudent, voire dangereux, de ne pas soumettre ses idĂ©es, opinions, sentiments, Ă une validation par un tiers neutre. Nâexposer ses idĂ©es qu celui qui pourrait partager initialement une mĂȘme prĂ©monition potentiellement illusoire ne garantit en rien dâvoquer la rĂ©alitĂ©. »
« A LâExpress, Pablo Servigne concĂšde que, bien entendu, âpersonne nâest sĂ»r qu ça va arriver ou que cela ne vap as arriverâ, que son raisonnement est en partie intuitif, mais quâil prĂ©fĂšre âfaire le pariâ, quasi pascalien, de lâeffondrement. »
« Nombre de ollapsos et dâeffondré·e·s ont dâailleurs le dĂ©aut de vouloir reconnaĂźtre dans chaque mauvaise nouvelle (jusqu des attentats) un nouveau signe qui confirmerait leur âthĂ©orieâ dâeffondrement gĂ©nĂ©ralisĂ©, indĂ©pendamment du caractĂšre rĂ©versible ou irrĂ©versible de ce qui lâa provoquĂ© et de ce qui en dĂ©termine lâintensitĂ©. [âŠ] Cet aspect fourre-tout est prĂ©sentĂ© comme le point fort des discours collapsos, alors quâil en constitue prĂ©cisĂ©ment la plus grande faiblesse. Avoir une vision globale est nĂ©cessaire, tout mĂ©langer est contre-productif. »
« Les grandes banques, le rĂ©seau Internet, les centrales Ă©nergĂ©tiques, les chaĂźnes dâapprovisionnement, les infrastructures de communication, les modes de transport, les stabilitĂ©s politiques (entre autres choses) sont en effet fragiles et reliĂ©s par de nombreux mĂ©canismes. Mais ce nâest pas parce que tout est liĂ©e quâil faut tout mĂ©langer. Ce nâest pas parce quâil y a corrĂ©lation quâil y a causalitĂ©. Les discours collapsos amalgament malheureusement sous ce mot valise dâeffondrement des changements irrĂ©versibles (comme la destruction de la biodiversitĂ© et lâemballement climatique) avec des changements totalement rĂ©versibes (comme la montĂ©e des fascismes, le transhumanisme ou la financiarisation du monde). »
« Les collapsologues ne seraient-ils quâune secte millĂ©nariste comme les autres ? le tĂ©moin Pascal Bruckner nâest pas loin de la penser, dĂ©veloppant lâidĂ©e que nous avons Ă©chappĂ© depuis Nostradamus Ă 183 fins du monde annoncĂ©es et que les collapsologues sont, Ă leur maniĂšre, fascinĂ©s par lâidĂ©e que lâhomme expie ses fautes dans un grand bĂ»cher apocalyptique final. »
« Au-delĂ dâappels Ă sâinspirer de mesures autoriatires, plusieurs auteurs et mouvements ouvertement xĂ©nophobes nourrissent lâunivers collapso. Il nous faut nous rendre compte que ce nâest pas un hasard si les discours de lâeffondrement conviennent tant Ă une partie des extrĂ«mes-droites. PrĂ©senter la (prĂ©tendue) fin de la civilisation occidentale comme lâeffondrement absolu correspond parfaitement au mythe du âgrand remplacementâ et Ă lâappel aux replis identitaires. Dmitry Orlov, par exemple, prĂ©sente ses cinq stades de lâeffondrement (chronologiques, attention) comme suit : lâeffondrement financier, suivi du commercial, du politique, du social et enfin⊠du culturel. Le fait que le prĂ©tendu âeffendrement culturelâ soit mis Ă la fin et soit prĂ©sentĂ© comme lâapothĂ©ose du chaos (avec, depuis lors, lâĂ©cologique) ne tombe pas du ciel. Le fait quâOrlov soit un complotiste xĂ©nophobe (et homophobe) nâempĂȘche malheureusement pas les autres collapsos de le citer trĂšs rĂ©guliĂšrement (en connsaissance de cause ou non, selon les cas). »
Ah ouais quand mĂȘme :
« Il sâagit [pour les oligarques] de dĂ©truire les sociĂ©tĂ©s occidentales et leurs systĂšmes de soutien social en les inondant de parasites hostiles, souvent belliqueux, issus de cultures incompatibles. [âŠ] Une autre [mĂ©thode des oligarques] est de supprimer [notre] tendnace Ă [nous] reproduire en [nous] convainquant que le sexe biologique nâexiste pas et en le remplaçant par un arc-en-ciel de genres, en Ă©levant la perversion sexuelle un status social Ă©levĂ© [âŠ] pour une minuscule minoritĂ© de gens (gĂ©nĂ©ralement moins de 1% qui sont, par cause dâanomalie gĂ©nĂ©tique, nĂ©es gay). »
« ThĂ©oricien des religions et des mythes, le Roumain Eliade Ă©tatit le membre dâavant-guerre du parti fasciste et antisĂ©mite âla garde de ferâ. Erreur de jeunesse ? Que nenni : aprĂšs la guerre, Eliade rĂ©pĂ©ta son admiration pour diverses personnalitĂ©s dâextrĂȘme-droite. Vu le sujet qui nous occupe, soulignons quâil prĂȘta son sutien Ă Alain de Benoist lors de la fondation du GRECE (Groupe de recherche et dâĂ©tude pour la europĂ©enne, appelĂ© aussi la Nouvelle-Droite). Or, de Benoist est un.e des auteur.e.s qui ont tentĂ© par la suite de formuler une Ă©cologie politique dâextrĂȘme droite. »
« Disciple dissident de Freud, le psychiatre suisse Carl Gustav Jung nâa pas miitĂ© dans un parti fasciste, comme Eliade, mais il a nĂ©anmoins collabotĂ© avec les nazis de 1933 Ă 1939. AprĂšs la guerre, Jung prĂ©tendit avoir agi pour aider ses confrĂšres juifs allemands Ă poursuivre leur activitĂ© profesionnelle. Or, lâantisĂ©mitisme du psychiatre suisse est indĂ©niable. Ses penchatns fascistoĂŻdes resurgirent dâailleurs indirectement en 1960 : Ă lâĂ©poque, il prĂ©faça Ă©logieusement un livre du nĂ©o-nazi mystique Miguel Serrano, un Chilien qui voyait en Hitler un avatar de Wotan et de Vishnu, promis Ă revenir pour sauver le monde. »
« Plusieurs analystes rappellent Ă ce propos que les discours de lâeffondrement proviennent historiquement de courants conservateurs et rĂ©actionnaires, qui voyaient dans lâĂ©volution des moeurs (ou dans la rĂ©volution sociale, par exemple) des manifestations du dĂ©clin ou de la dĂ©cadence civilisationnelle. Cela ne signifie bien sĂ»r pas que tous les collapsos contemporains sont rĂ©actionnaires, au contraire, mais que leurs discors inspirent des porpositions rĂ©actionnaires et (plus problĂšmatique) quâils sâen inspirent eux-mĂȘmes souvent, sans les nommer comme telles. Le livre rĂ©fĂ©rence de la collapsologie, diffusĂ© Ă plus de 40000 exemplaires, dĂ©die plusieurs pages Ă Dmitry Orlov sans aucune remarque Ă ce sujet. Celui-ci est Ă©galement inclus dans le ârĂ©seau des collapsologuesâ du site www.collapsologie.fr. Le collapso dâextrĂȘme-droite Piero San Giorgio est Ă©galement rĂ©fĂ©rencĂ© dans le dernier livre rĂ©fĂ©rence sans aucune remarque. Ce livre relaie dâailleurs abondamment les thĂšses soi-disant rĂ©actionnaires du psychiatre antisĂ©mite Carl Gustav Jung sur les soi-disant âarchĂ©typesâ, et sur un nĂ©cessaire âretour Ă nos racines profondesâ, Ă nouvau sans aucun remarque concernant lâidĂ©ologie de cette source dâinformation. »
« MĂȘme un gars odieux, il existe un angle oĂč tu pourrais parler avec lui. Le problĂšme câest quand tu prĂ©sentes toujours le mĂȘme angle. (âŠ] Câest comme rĂ©duire un homma Ă sa profession. Un homme est pourtant bien plus que son occupation, et on le voit au XXIĂšme siĂšcle oĂč les occupations changent. [âŠ] Tu peux dĂ©tecter quelquâun qui nâest pas mĂ»r intellectuellement Ă ce quâil te dire : âNe mangez pas de cette pomme, jâai entendu dire quâil y avait des pĂ©pins dedans.â Dans le dĂ©bat intellectuel câest souvent ça. Si on sâĂ©tait arrĂȘtĂ© au goĂ»t naturel des fĂšves de cacao on nâaurait jamais eu le chocolat. »
« Je trouve prĂ©fĂ©rable de sâintĂ©resser Ă la pertinence de ce qui est dit plutĂŽt qu la personne qui le dit. On est bien dâaccord que Piero San Giorgio est un personnage tout Ă fait dĂ©testable mais rien de ce quâil dit dans la vidĂ©o dâAbsol ne lâest. Si le diable avait fait une dĂ©claration disant que nous nâĂ©tions pas prĂȘts Ă faire face Ă la dĂ©plĂ©tion des ressources Ă©nergĂ©tiques et de matiĂšres premiĂšres; avec des arguments pertinents dans sa dĂ©claration, alors je nâaurais aucun souci Ă citer le Diable. »
« Pour les marxistes, les collapsologues feraient lâimpasse sur la cause premiĂšre de nos problĂšmes : le capitalisme, prĂ©dateur par essence. âLa collapsologie, câest un bricĂ -brac argumentatif. On en vient Ă abandonner la substance mĂȘme de lâorganisation sociale. Or il faut absolument faire le lien entre capitalisme, la propriĂ©tĂ© privĂ©e et lâeffondrement, car lâaccĂšs Ă des ressources illimitĂ©es est lâin des constituants de lâidĂ©e de libertĂ© dans la pensĂ©e occidentale moderneâ argument Pierre Charbonnier, philosophe chercheur Ă lâĂ©cole des hautes Ă©tudes en sociences sociales.»
« Lâapproche est occidentalo-centrĂ©e. Les discours de lâeffondrement sâinquiĂštenet avant tout du devenir de ânotreâ civilisation et ils asimilet la fin de celle-ci Ă la fin du monde. Pour ĂȘtre plus prĂ©cis, ils sâinquiĂštent avant tout de lâavenir des classes moyennes des pays industrialisĂ©s (câest-Ă -dire de moins dâune personne sur cinq dans le monde). Câest lâeffondrement de ânosâ modes de vie qui est mis au centre des prĂ©occupations par les discours collapsos. [âŠ] Cette rĂ©action ethnocentrĂ©e est comprĂ©hensible, mais il faut lâassumer et situer ce rĂ©cit. Or, les collapsos (avec certaines exceptions, comme Renaud Duterme) prĂ©fĂšrent le prĂ©senter comme une analyse totalisante, globalisante. Ce quâil dĂ©crivent concerne dĂ©jĂ depuis bien longtemps une Ă©norme partie de la population mondiale. Les personnes qui vivent ces rĂ©alitĂ©s nâont pas besoin des imaginaires post apocalyptiques pour ĂȘtre lucide sur la situation, se battre et vivre. Il est dâailleurs interpellant dâobserver que ce concept dâeffondrement fasse si peu sens en dehors de nos milieux aisĂ©s et en dehors de nos latitudes. Les exemples, prospectives, anticipation et (surtout) postes de rĂ©ponses portĂ©es par les rĂ©cits collapsos ne concernent quasiment que lâimaginaire liĂ© au cadre urbain des classes moyennes blanches de lâhĂ©misphĂšre Nord (et parfois de la classe supĂ©rieure). Lorsques les sociĂ©tĂ©s les moins industrialisĂ©es sont citĂ©es, câest gĂ©nĂ©ralement pour prĂ©tendre quâelles seront moins touchĂ©es par cet effondrement puisquâelles seraient moins dĂ©pendantes des Ă©nergies fossiles, et donc plus rĂ©siliente. »
« Pour paraphraser Schur, il est criminel que des citoyens blancs priviligiĂ©s Ă©talent en public le fait que leur pricipal souci dans la vie est de rĂ©ussir Ă âaller de lâavantâ en ayant en tĂȘte cette douloureuse âidĂ©e dâeffondrementâ (âcomment on fait pour vivre avec cette idĂ©e dâeffondrement ?â, se demande Pablo), tandis que les espĂšces vivantes sont littĂ©ralement exterminĂ©es, quâune partie de lâhumanitĂ© crĂšve toujours de faim, que beaucoup crĂšvent de nâavoir pas accĂšs Ă de lâeau potable (en grande partie Ă cause dâun systĂšme Ă©conomique mondialisĂ© flagramment et cruellement inique, inhumain, et Ă©cologiquement dĂ©lĂ©tĂšre), que les inĂ©galitĂ©s sociales se creusent inexorablement et impitoyablement, que la majeure partie des ĂȘtres humains sont soumis aux nombreux systĂšmes dâexploitations et de coercitions qui constituent la civilisation industrielle, que des rĂ©fugiĂ©s crĂšvent en MĂ©diterrannĂ©e, etc., ad nauseam. Il est incroyablement indĂ©cent que des Blancs de la classe moyenne Ă©talent au grand jour quâau milieu de tout ce qui prĂ©cĂšde, ce qui les accable, eux, ce qui les angoisse au plus haut point, ce qui leur arrache des torrents de larmes, ce qui les tourmente au quotidien, câest quelque chose qui ne sâest pas encore produit, et dont personne ne sait quand (et mĂȘme si) il va se produire, câest la perspective de la fin de la sociĂ©tĂ© industrielle. »
« Ainsi, lâĂ©tude de lâAnthropocĂšne ne sâintĂ©resse pas aux conditions politiques, sociales et Ă©conomiques de son Ă©mergence. La responsabilitĂ© des acteurs, classes ou individus, nâest jamais questionnĂ©e mais seulement attribuĂ©e Ă un groupement indiffĂ©renciĂ©e dâhumain-es : lâespĂšce humaine. Cette absence de lecture sociale et politique de lâAnthropocĂšne se rĂ©percute dans le concept dĂ©rivĂ© dâeffondrement âĂ©tudiĂ©â en collapsologie. »
« Puisque lâeffondrement traverserit soi-disant toutes les classes sociales, on se retrouve sans surprise dans les discours collapsos dâinnombrables rĂ©fĂ©rences Ă un ânousâ indiffĂ©renciĂ© et au vieux mythe du ânous sommes tou·te·s sur le mĂȘme bateauâ (et son corollaire âon aura besoin de tout le mondeâ). [âŠ] Alors que plus de 80% des ârichessesâ produite par la destruction des Ă©cosystĂšmes (ĂȘtres humain·e·s compris·e·s) et que lâĂ©mission massive de gaz Ă effet de serre le sont pour satisfaire 1% de la population mondiale, ces slogans sonnent comme de lâhumour noir (voir le rapport dâOxfam International,, Les 1% les plus riches empochent 82% des richesses crĂ©Ă©es lâan dernier, 22 janvier 2018). [âŠ] Et puisque nous sommes tou·te·s dans le mĂȘme bateau, la plupart des collapsos et des effondré·e·s ne manquent pas de nous rappeler que nous sommes tou·te·s un peu responsables de ce quâil se passe (malgrĂ© que certains soient Ă la barre et dâautres dans la cale du bateau). [âŠ] Les moyennes ont bon dos, elles permettent de cacher les situations (de pauvretĂ© et de richesse) extrĂȘmes par des formules comme ânotre confort gĂ©nĂ©ralâ ou ânos revenusâ. Elles permettent de faire oublier, par exemple, que la majoritĂ©Ă© de la population mondiale nâa jamais pris lâavion. »
« Alors que la critique sociale et Ă©cologique du systĂšme capitaliste (quâelle soit marxiste ou libertaire) a, Ă lâexception de quelques apparitions occasionnelles, Ă©tĂ© Ă©vincĂ©e du paysage mĂ©diatique, la collapsologie y a quant-Ă -elle une place grandissante. [âŠ] La collapsologie ne remettant au contraire pas en cause la stratification sociale, lâordre social en place, celle-ci est valoridĂ©e puisquâelle permet de rĂ©flĂ©chir sur des enjeux de sociĂ©tĂ© nous concernant tou·te·s sans questionner les responsabilitĂ©s diffĂ©renciĂ©es de chaque classe sociale dans la situation Ă©cologique actuelle. [âŠ] Puisque la collapsologie ne prĂ©sente aucune remise en question des choix politiques et techniques des derniers siĂšcles ni lâordre politique, social et Ă©conomique en place qui en est lâhĂ©ritier direct, sa prĂ©sence dans les mĂ©dias grands publics ne dĂ©range pas le grand monde, et au contraire, arrange ceux qui ont gros Ă perdre. La collapsologie nâincrimine personne nommĂ©ment, ni des politicard·e·s aux intĂ©rĂȘts contraires de ceux pour lesquels ils ont Ă©tĂ© Ă©lu·e·s, ni le patronat et sa main-mise sur lâĂ©conomie, ni les journalistes carriĂ©ristes qui ne se posent plus vraiment de questions pour exercer leur mĂ©tier avec une once de dĂ©ontologie. »
« ConsidĂ©rer lâeffondrement de la civilisation industrielle comme la catastrophe, câest perpĂ©tuer le paradigme destructeur qui le prĂ©cipite. Si la culture dominante, la civilisation industrielle, se dirige vers son effondrement, si elle dĂ©truit les Ă©cosystĂšmes du monde entier, câest entre autres parce quâelle ne considĂšre pas le monde naturel et ses Ă©quilibres et ses dynamiques comme primordial. Au contraire, ce quâelle considĂšre comme primordial, câest elle-mĂȘme, son propre fonctionnement, sa croissance, son dĂ©veloppment, ses industries, etc. »
« Si la collaspsologie passe Ă la tĂ©lĂ©vision et est promue dans les journaux, câest parce quâelle ne dĂ©range pas plus que ça lâidĂ©ologie dominante : comme elle, elle considĂšre que lâeffondrement de la sociĂ©tĂ© industrielle est une catastrophe. En outre, la diffusion dâun tel message dans les mĂ©dias ne fait que renforcer le climat dâinsĂ©curitĂ© et de peur qui garantit une population toujours plus docile et apathique. Du pain bĂ©ni pour lâhyperclasse mondiale qui ne cesse de sâenrihir sur notre dos Ă tous. »
« Je tiens Ă prĂ©ciser que je ne souhaite pas lâeffondrement de lâĂ©conomie et la fin du monde. »
« Dans un texte publiĂ© en dĂ©cembre 2013, le cocrĂ©ateur du concept de permaculture, David Holmgren, plus pessimiste que jamais, sâinquiĂ©tait des rĂ©centes dĂ©couvertes sur les consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique. Selon lui, la seule issue pour Ă©viter de trop graves dommages sur la biosphĂšre serait dĂ©sormais de provoquer un effondrement rapide et radical du systĂšme Ă©conomique global. »
« Certains, dont je fais partie, conçoivent ainsi lâeffondrement de la civilisation industrielle comme une nĂ©cessitĂ©, comme le seul moyen de faire cesser lâeffondrement (la destruction) du monde rĂ©el, du monde naturel, qui constiue le vĂ©ritable problĂšme. »
« Pour celui qui se bat contre lâagrĂ©gat dâexploitations et dâinjustices qui compose la civilisation industrielle, la perspective de son effondrement nâest quâun espoir distant. De mĂȘme que pour celui qui se bat contre lâacumulation des destructions Ă©cologiques qui la compose. Pour eux, lâeffondrement constitue un Ă©vĂšnement attendu avec impatience. »
« Pour tous ceux qui se sont dĂ©faits de lâaliĂ©nation quâeele impose, pour les peuples autochtones du monde entier, menacĂ©s de destruction (et non pas dâextinction) Ă lâinstar de toutes les espĂšces vivantes, pour les riviĂšres, les saumons, les ours, les lynx, les loups, les bisons, pour les forĂȘts, pour les coraux, et ainsi de suite, la catastrophe est la civilisation industrielle, et son effondrement, lui, constitue la fin dâun dĂ©sastre destructeur qui accable la planĂšte depuis bien trop longtemps. [âŠ] Lâeffoondrement de la civilisation industrielle est la solution, pas un problĂšme. Au-delĂ de lâaspect empathique Ă©lĂ©mentaire qui devrait nous pousser Ă nous soucier des autres, il sâagit Ă©galement dâune rĂ©alitĂ© Ă©cologique Ă©lĂ©mentaire. Nous ne pouvons pas vivre sans une biosphĂšre saine. »
« Sous la vidĂ©o, le commentaire le plus plĂ©biscitĂ© est Ă©crit par le pĂšre dâun enfant diabĂ©tique de type 1 qui sâinquiĂšte de ce que lâeffondrement pourrait signifier pour son fils. On le comprend. Sans ce que permet la mĂ©decine industrielle moderne, un certain nombre dâentre nous mourraient et mourront. Seulement, certains dâentre nous voient au-delĂ de cette problĂšmatique personnelle (sociocentrĂ©e, centrĂ©e sur le sort des ĂȘtres humains qui vivient au sein de la civilisation industrielle) et rĂ©alisent que ce qui compte vraiment, ce qui est primordial, câest la santĂ© de la biosphĂšre, et que qoi que cela nous coĂ»te ou que cela puisse nous coĂ»ter personnellement, rien nâest plus important que de dĂ©manteler la machine de mort et de destruction quâest la civilisation industrielle. »
« La panique de la collapsologie est tout aussi paralysante que les doutes des climatosceptiques, affirment six chercheurs qui plaident dans une tribune pour une mobilisation concertée alliant militance citoyenne, décideurs politiques et entreprises. »
« La plupart des discours de lâeffondrement dĂ©sarment et dĂ©politisent. Lâappel au deuil et Ă lâacceptation indiffĂ©renciĂ©e. Il faut faire le bilan : quels effets ont provoquĂ©s jusqu prĂ©sent ces discours de âlâeffondrementâ ? Ce nâest pas un hasard si les rĂ©cits de lâeffondrement paralysent tellement, si on entend autant de tĂ©moignages de personnes chez qui ils ont provoquĂ© insomnies ou pleurs, si autant de jeunes parents font des angoisses terribles, si beaucoup dâeffondré·e·s nâarrivent plus Ă dialoguer avec leurs proches, etc. [âŠ] Il ne faut pas nier les chocs que cet Ă©tat des lieux peut produire (dâoĂč lâimportance dâen parler de maniĂšre claire et non confuse) mais les rĂ©actions paralysantes proviennent, elles, plutĂŽt du fait que les discours collapsos ajoutent Ă ces constats une invitation ambiguĂ« Ă lâacceptation, Ă faire table rase de lâexistant. Faire croire que âtout va sâeffondrerâ dâun bloc, comme un bĂątiment, donner lâimpression aux personnes quâelles nâont aucune prise sur la situation prĂ©sente et Ă venir, câest alimenter le sentiment dâimpuissance, la croyance que nous sommes face Ă une impasse plutĂŽt que face Ă une multitude de chemins. »
« En effet, le fatalisme Ă©tait au coeur de Comment tout peut sâeffondrer. Lâouvrage nâoffrait quâune seule perspective : se âdĂ©brancherâ du âsystĂšme industrielâ pour ne pas ĂȘtre âentraĂźnĂ© dans sa chuteâ. Toute rĂ©ponse globale, toute tentative de rĂ©forme structurelle Ă©taient considĂ©rĂ©es comme gĂ©nĂ©ratrices dâillusions. MĂȘme la dĂ©croissance Ă©tait Ă©catĂ©e : les auteurs lui reprochaient dâentretenir âlâhypothĂšse irrĂ©alisteâ dâun possible Ă©vitement de lâeffondrement⊠Le livre ne comportait pas un mot dâencouragement Ă ces actions de dĂ©sobeissance civile que Naomi Klein appelle Blockadia. Pablo Servigne enfonçait le clou par diverses interviews : face Ă lâinĂ©luctable, il nâest dâautre issue que la construction de petites communautĂ©s rĂ©silientes, car rien dâautre ne survivra Ă la catastrophe. »
« Un gouvernement qui dĂ©ciderait dâimposer des mesures drastiques pour limiter la hauteur de chute de lâeffondrement ? Il se ferait conspuer par la population et virer aux prochaines Ă©lections [âŠ] Câest cadenassĂ©, il nây a aucune solution. Lâeffondrement est selon moi parfaitement inĂ©vitable. »
« Un dernier paradoxe : si au contraire on annonce trop tĂŽt un effondrement, câest-Ă -dire maintenant, et avec trop dâautoritĂ©, par exemple Ă travers la voix dâun discours officiel dâun chef dâEtat, il est alors possible de dĂ©clencher une panique des marchĂ©s (ou des populations) et de causer par anticipation ce que lâon souhaitait justement diffĂ©rer. [âŠ] Lâofficialiser revient surtout Ă courir le risque dâautorĂ©alisation : aussitĂŽt quâun Premier ministre dĂ©clarera quâil prĂ©pare le pays Ă un effondrement, les cours de la Bourse et les populations rĂ©agiront avec une certaine nervosité⊠causant des troubles qui ne feront que prĂ©cipiter ce quâil Ă©tait justement en train dâanticiper. »
« Si nous habitons en Europe, en AmĂ©rique du Nord, au Japon, en Australie, en Afrique du Sud, dans un nombre grandissant de villes asiatiques, sud-amĂ©ricaines, africaines, et que nous faisons partie de la minoritĂ© la plus riche de la planĂšte, nous avons ajourdâhui accĂšs Ă un confort absolument inĂ©galĂ© depuis que lâĂȘtre humain sâest dressĂ© sur ses deux pieds. GrĂące Ă la maĂźtrise de lâĂ©nergie, nous pouvons modeler les paysages, parcourir le globe en quelques heures, nous Ă©tablir dans des contrĂ©es glaciaires ou Ă©crasĂ©es de chaleur, y recrĂ©er des microclimats, produire en masse des objets, des vĂȘtements, de la nourriture, remplacer des bras, replanter des cheveux, lancer des sondes Ă la dĂ©couverte de nos artĂšres ou du systĂšme solaire, en un clic correspondre avec un ĂȘtre Ă lâautre bout du monde, le regarder sur un bout de mĂ©tal et de verre plus petit quâune plaquette de beurre, connecter les cerveaux, les pensĂ©es, les Ă©crits de plusieurs milliards dâĂąmes auparavant Ă©parpillĂ©es, crĂ©er des robots, des machines capables de nous supplĂ©er dans les tĂąches les plus pĂ©nibles, artificiellement reproduire lâintelligence grĂące Ă des ordinateurs surpuissants, dont les capacitĂ©s de calcul excĂšdent tout ce dont nous aurions pu rĂȘver il y a un siĂšcle. »
« Steven Pinker, anthropologue Ă lâuniversitĂ© de Harvard, montre dans un libre hautement documentĂ© (The better Angels of our Nature : A History of Violence and Humanity, Penguin, 2012), chiffres Ă lâappui, que le nombre de morts violentes, par guerres ou assassinats, a considĂ©rablement diminuĂ© depuis lâAntiquitĂ©. Un chiffre encapsule bien cette rĂ©alitĂ©. La probabilitĂ© pour une personne de pĂ©rir par mort violente (guerre ou assassinat) Ă©tait, au temps de lâEmpire romain, au moins cinquante fois plus Ă©levĂ©e quâaujourdâhui. Cinquante fois ! ⊠Eh oui, il y a du progrĂšs. LâhumanitĂ© sembler Ă©merger lentement de la barbarie. »
« Dans la plupart des rĂ©gions, la guerre sâest faite plus rare que jamais. Alors que, dans les anciennes sociĂ©tĂ©s agricoles, la violence humaine Ă©tait la cause dâenviron 15% des dĂ©cĂšs, au XXĂšme siĂšcle, 5% des lirts seulement ont Ă©tĂ© imputables Ă la violence ; au dĂ©but du XXIĂšme siĂšcle, celle-ci nâest responsable que de 1% environ de la mortalitĂ© mondiale. En 2012, autour de 56 millions de personnes sont mortes Ă travers le monde; 620 000 ont Ă©tĂ© victimes de la violence humaine (la guerre en a tuĂ© 120 000, le crime 500 000). En revanche, on a dĂ©nombrĂ© 800 000 suicides, tandis que 1,5 millions de gens mouraient du diabĂšte. Le sucre est devenu plus dangereux que la poudre Ă canon. [âŠ] En 2010, lâobĂ©sitĂ© et les maladies qui lui sont liĂ©es ont tuĂ© autour de trois millions de personnes ; les terroristes ont fait 7 697 victimes Ă travers le monde, pour la plupart dans les pays en voie de dĂ©veloppement. Pour lâAmĂ©ricain ou lâEuropĂ©en moyen, Coca-Cola reprĂ©sente une menace plus mortelle quâAl-QuaĂŻda. »
« En de nombreux pays, la peine de mort a Ă©tĂ© abolie. Le status social des femmes sâest considĂ©rablement amĂ©liorĂ©. Il serait impensable aujourdâhui, pendant les fĂȘtes publiques, de mettre Ă mort un animal. Personne ne le demande, sauf les amateurs de corrida⊠»
« Non, hors de la civilisation et avant la vicilisation industrielle, avant les hautes technologies, den ombreuses populations humaines ont trĂšs bien vĂ©cu, en bonne santĂ©, des vies relativement longues, en travaillant peu (voire pas du tout selon e quâon considĂšre comme Ă©tant ou non du âtravailâ), en mangeant Ă leur faim, et en vivant en harmonie avec leur environnement, et certainement pas dans un Ă©tat de peur permanent. »
« Dâautre part, la civilisation, lâĂtt et le capitalisme ont crĂ©e dâinnonbrables formes de violence, toutes plus insidieuses les unes que les autres, qui nâexistaient pas auparavant. En dresser une liste serait assez fastidieux, mais on peut mentionner pĂȘle-mĂȘle la violence des mĂ©thodes dâaccouchement moderne (pour la femme comme pour le bĂ©bĂ©), la violence des mĂ©thodes dâĂ©ducation moderne (qui sĂ©pare lâenfant de la mĂšre et des parents en gĂ©nĂ©ral, qui doivent travailler), la violence du traitement des personnes ĂągĂ©es (qui finissent par croupir seules dans des maisons de retraite), les violences liĂ©es Ă la pauvretĂ©, aux inĂ©galitĂ©s sociales sans prĂ©cĂ©dent qui caractĂ©risent la civilisation industrielle, la violence mĂȘme des chaussures (qui nuisent au corps humain, sans parler des talons aiguilles et de ce genre de choses) et les nombreuses violences contre le corps humain qui rĂ©sultent du mode de vie moderne (de lâactivitĂ© quotidienne, ou du manque dâactivitĂ© quotidienne, de lâalimentation industrielle, etc.), les violences sexuelles, les violences liĂ©es au racisme, les violences contre le monde naturel et contre les non-humains (Ă©levage indsutriel, dĂ©Ă©forestation, destruction massive dâhabitats, pollutions en tous genres de tous les milieux, etc.), les violences de lâexploitation salariale⊠etc., ad nauseam. [âŠ] Cette interminable liste de calamitĂ©s sociales sâaccompagne trĂšs logiquement dâune autre interminable liste de problĂšmes psychologiques (consommation de psychotropes qui explose, Ă©pidĂ©mies de burn-out, de stress, de mal-ĂȘtre, de troubles psychiques en tous genres, etc.). »
« Dans son nouvel essai Le dĂ©chaĂźnement du monde, lâhistorien des idĂ©es François Cusset dĂ©construit lâidĂ©e dominante selon laquelle la violence aurait diminuĂ© avec la modernitĂ©. La violence nâa pas reculĂ© ; au contraire, elle sâest redĂ©ployĂ©e en changeant de formes et en atteignant directement les structures sociales et les dispositions affectives. âLa violence, de fait, est omniprĂ©sente aujourdâhuiâ, estime lâauteur, âmais elle nâa plus les aspects familiers quâon lui connaissait depuis lâaube de la modernitĂ©â. La violence ne recule pas, elle change de formes, Ă la fois dans ses structures sociales et ses dispositions affectives. Câest prĂ©cisĂ©ment la rationalitĂ© de la violence de 21Ăšme siĂšcle que se propose dâĂ©tudier François Cusser, en explorant les multiples champs de son dĂ©ploiement contemporain, des nouvelles forme du travail Ă la nouvelle pauvretĂ©, de la sociabilitĂ© quotidienne aux haines ordinaires, des oppressions de genre Ă la destruction Ă©cologique, du terrorisme Ă lâeffondrement de psychĂ©s, des violencess obstĂ©tricales aux camisoles biopolitiques⊠»
« En ce qui concerne la perte de biodiversitĂ© cette derniĂšre nâest rĂ©ellement grave (grave pour lâhumanitĂ© jâentends, la perte dâespĂšces est de fait grave et ce nâest pas parce quâelle ne menacerait pas la pĂ©rennitĂ© de la civilisation quâil faudrait traiter cette question avec indiffĂ©rence) que si lâon considĂšre que lâhomme nâest pas indĂ©pendant de son environnement. Or câest un point de vue largement critiquĂ©. En effet dâaucuns estiment que lâhumanitĂ© est dĂ©jĂ arrivĂ©e Ă un stade oĂč elle est quasi-indĂ©pendnate de son environnement, dans le sens oĂč nous savons maĂźtriser la mĂ©tĂ©o (faire pleuvoir, la Chine le fait pour prĂ©venir les sĂ©cheresses, ou encore contrĂŽler les ouragans mĂȘme si ce point est purement thĂ©orique pour le moment), oĂč lâon peut cultiver la Terre en faisant fi des alĂ©as climatiques (serres rĂ©chauffĂ©es climatisĂ©es, fermes urbaines, OGM mĂȘme si ce point est critiquĂ©). De par les processus dâindustrialisation de la terre, on peut penser que lâhomme nâest dĂ©jĂ plus dans la chaĂźne alimentaire. Il peut modifier les gĂ©nomes dâespĂšces (par certains OGM certes mais aussi par reproduction), les prĂ©server en captivitĂ©/culture etc. Ce faisant une extinction mĂȘme majeure dâespĂšces sauvages ne lâaffecterait pas outre mesure (ce constat nâest pas vrai pour les populations tribales notamment mais cela ne rentre pas dans le domaine de lâeffondrement thermo-industriel). »
« Nous pouvons artificiellement polliniser les plantes. Des nano-robots pollinisateurs sont dĂ©jĂ en fonctionnement. Une Ă©tude de Dronecopter nous informe que ce type de procĂ©dĂ© augmenterait la pollinisation de 25 Ă 60% pour ce qui est des cerises et des amandes, et que les fleurs sont dâemblĂ©e de tailles plus consĂ©quentes quâavec les abeilles. Les drones peuvent en effet vaporiser une quantitĂ© importante de pollen dĂšs que la fleur sâouvre pour favoriser leur croissance. Le rendement serait donc excellent. »
« Plus gĂ©nĂ©ralement, comment peut-on imaginer quâil est valide de dĂ©calquer lâeffondrement dâune sociĂ©tĂ© pour prĂ©dire celui qui en attend une autre ? Loin de vouloir rĂ©duire les civilisations citĂ©es Ă des sociĂ©tĂ©s primitives,celles-ci avaient des organisationsociales radicalement diffĂ©rentes de celle qui structure le systĂšme capitaliste Ă lâheure actuelle. Le pouvoir (politique, Ă©conomiqu,social) Ă©tait rĂ©parti trĂšs diffĂ©remment parmi la population et il semble hasardeux de supposer lâeffondrement dâune sociĂ©tĂ© parce que dâautres sociĂ©tĂ©s trĂšs diffĂ©rentes qui lâont prĂ©cĂ©dĂ©e se sont effondrĂ©es. »